Personne ne vient

Traité de manière détournée, le thème du rêve devient sous la plume de Clémence Lèbre, une sorte de non-lieu plus ou moins déconnecté du monde extérieur. On se retrouve ainsi projeté dans un espace mental. Celui du personnage central : un grand-père, plongé dans les souvenirs de sa femme et de son ancien lieu de travail, et perdant peu à peu tout contact avec le réel. De temps à autre, l’homme reçoit tout de même la visite d’un proche, comme celle de Théo, cherchant désespérément un lien avec son papi, devenu bien silencieux…

Clémence Lèbre est inscrite en sciences politiques. À l’initiative d’un journal étudiant, pour lequel elle gérait la rubrique fiction, elle s’intéresse notamment à la thématique de la transmission familiale ; entre ruptures et reproductions. Une réflexion qu’elle explore à nouveau dans Personne ne vient, où la figure du père, peu habitué durant son enfance à la présence paternelle, semble briser ce cycle avec son propre fils. Au-delà d’un simple état de santé, le mutisme du grand-père fait ainsi écho à ces modèles d’éducation empreints de masculinité toxique, dont les nouvelles générations peu à peu se délestent.